caractère. Les rapports des jeunes filles américaines avec les garçons étaient dépourvus de complexes.
Comme il n’y avait pas d'autre siège que celui dans lequel avait pris place Irbit, Liam s'assit sur le bord de son lit. face au hublot par où la lumière fantomatique de la mer pénétrait dans la pièce.
Ce endroit est vraiment extraordinaire, dit-il en se tournant face à la mer omniprésente. En quittant le poste de contrôle hier soir, nous avons été conduits par des hommes de
votre grand-père sur une plateforme qui s’est enfoncée sous nos pieds à grande vitesse. Après une descente interminable, nous sommes arrivés à une sorte de corps de garde où donnaient plusieurs portes d’acier hermétiquement closes. J’ai été conduit directement ici, et je suis encore sous le charme...
Mon grand-père appelle cet endroit “le Nid du Sphinx”, mais il préfère dire simplement “le Nid”, expliqua-t-elle en regardant dans la même direction que lui. En vérité, je connais le Nid à peine. Nous avons fait ensemble un petit tour d'orientation pour me familiariser avec le complexe. On a marché une heure durant, peut-être plus, montant et descendant des marches à travers des couloirs sans nombre, certains pas plus larges que de simples boyaux. Le Nid s’étale sur une surface considérable.
Le réseau sous-terrain que votre grand-père avait fait creuser en dessous de la chambre du trésor du roi Amoshé était déjà assez impressionnant.
Ne comparez pas ce qui n’est pas comparable, Liam, répondit-elle avec un léger sourire. Là-haut, sous le tombeau d’Amoshé, les installations techniques, les entrepôts, les postes de garde et les tunnels d’accès étaient inutilisés depuis longtemps. Ils n’ont servi au début que pour parfaire la construction du Nid. De toutes façons, ces installations ont disparu à présent sous plusieurs milliers de tonnes de rochers et de sable, parce que la voûte de la galerie était minée. Je crains fort que nos agresseurs ne soient enterrés à l'heure actuelle dans un tombeau inaccessible.
Liam se tut un instant, étourdi par cette violence qu’ils côtoyaient au quotidien depuis le début des fouilles. Elle s'était installée insidieusement dans le campement comme un mal sournois, indissociable de leurs progrès. A chaque nouvelle découverte correspondait son lot de sang.
Vous réagissez face à la mort avec une indifférence surprenante pour votre âge. dit-il en secouant la tête.
Que savez vous de la violence, Liam, répondit-elle d’une voix ferme. A part des images télé, vous ne connaissez que les coups reçus dans un match de football ou les bagarres du samedi soir pour le sourire d'une femme !
La jeune fille remua faiblement puis ajouta sur un ton plus
bas, non exempt d’amertume :
- Vous ne savez rien de ma vie. Liam... rien ! Les nuits d’angoisse que j’ai connues après la disparition de ma mère, la peur quotidienne du kidnapping, du chantage, les alertes de toutes sortes... Non, vous n’avez pas le droit de méjuger.
Liam se leva et s’approcha d’un pas indécis du fauteuil d’Irbit, essayant de retenir ce regard maintenant devenu fuyant et qui exprimait tant de détresse. Il ne s’était jamais senti si fort, si sûr de lui, ni n’avait éprouvé ce besoin quasi-physique de protéger quelqu’un et de lui insuffler un peu de cette assurance. Après une vague hésitation, il frôla la main de la jeune fille du bout des doigts. Un frisson parcourut aussitôt son bras et se répandit dans tout son corps comme une décharge électrique.
Irbit avait fermé les yeux, et son souffle s’était accéléré. Une force la submergeait et la poussait toujours plus loin. Elle ne réfléchissait pas, ne jugeait plus, ne savait même pas qu'elle était incapable de saisir l’événement. Quand la main de Liam affermie par les travaux des fouilles caressa sa joue puis s’aventura derrière son oreille, dans sa nuque et empoigna enfin avec une certaine brusquerie la masse touffue de sa chevelure, Irbit se sentit gagnée par une tension qui s’empara de tout son corps. Elle rejeta la tête en arrière et sa bouche s’ouvrit comme en quête d’air.
Liam s’agenouilla près d’elle, la fixa longuement, lui sourit et frôla ses lèvres avec le bout de ses doigts. Une vague de fond montant inexorablement des profondeurs de son âme envahit Irbit. Avec un petit cri de détresse, elle se serra contre lui et sentit son corps ferme contre le sien, ses bras puissants la soulever et sa bouche se coller avidement à la sienne.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, il l'embrassa à nouveau. Elle se laissa aller debout tout contre lui, confiante, les yeux mi-clos et le cou tendu, cherchant et fuyant la caresse. Elle passa enfin ses bras autour de ses hanches.
Liam abandonna sa bouche comme à regret et épousa la courbe délicieuse de l’oreille. Il enfouit quelques instants son visage dans la cascade de ses cheveux et remonta jusqu’au creux de l’épaule. Irbit tressaillit, sentant la chaleur de son souffle dans le cou. II couvrit alors sa gorge de baisers passionnés et leurs bouches
se retrouvèrent d'instinct.
Il l’embrassa encore et encore très lentement, comme s’il attendait qu’elle ait pris conscience de la réalité de leurs corps serrés. Il patienta encore, déposant des baisers suaves avec une lenteur calculée à la base de son cou ou dans le creux de sa gorge.
Quand il la sentit prête à oublier le carcan de son éducation et le danger permanent qui tendait ses nerfs comme les cordes d'un arc, il caressa les formes suaves de son corps, s’attardant sur la rondeur d'un sein ou sur l’amphore arrondie de ses hanches.
Irbit avait oublié où elle se trouvait. Elle attendait, immobile, le dos secoué de frissons. Les lèvres entrouvertes, elle s’offrait à lui, son corps impatient de s’éveiller aux délices de l'amour. Elle avait l’impression d'avoir attendu toute sa vie pour donner à cet homme ce qu'elle ne connaissait pas encore mais que ses sens devinaient.
Liam prit une de ses mains et la porta à sa bouche. Il l'embrassa avec fougue sur les yeux, dans le cou, descendit à la naissance de ses seins et enfouit sa langue dans la chaleur de cette vallée prometteuse. Les jambes d’Irbit la portaient à peine, et elle se sentit soulagée quand Liam la déposa avec infiniment de douceur sur le drap satiné de son lit.
- Liam, murmura-t-elle... Je n’ai... Jamais...
Et pendant un temps qui lui parut une éternité, pour la première fois de sa vie, Irbit s’abandonna corps et âme.
Longtemps plus tard, ils rejoignirent cheik Yoran et le professeur Keifer pour un tour de familiarisation du complexe.
La visite débuta par ce que Yoran appela modestement “la salle de réunion”. Elle se trouvait à i’extrémité du tunnel qui conduisait aux chambre attribuées au personnel technique.
Quand ils franchirent la porte étanche qui donnait accès à la pièce, la question que le professeur Keifer avait l’intention de poser à Yoran à propos du sort qu'il leur avait réservé demeura en suspens sur ses lèvres. Plus qu'interdit par le spectacle qui s’offrait à ses yeux, son regard exprima d'abord l'étonnement, ensuite l'admiration, et se figea à la fin, béat. La “salle de réunion" avait été creusée dans un gisement de sel gemme. Les voûtes ogivales du plafond s’élevaient avec la grâce et l’élégance d’une cathédrale, trois fois plus longue que large, pouvant accueillir aisément deux centaines de personnes.
Sous l'éclairage bleuté des lampes, le minerai devenait iridescent. La lumière, multipliée à l'infini par les facettes du sel gemme, conférait à l'atmosphère une ampleur irréelle. Le silence enveloppa le professeur Keifer dès qu'il eut franchi la voûte d’inspiration gothique de l’entrée. Loin de peser ou d'opprimer, la sensation qu’il éprouva en pénétrant dans les lie
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