ɠvotre confiance, et je vous en remercie. Mais dans quel but précis avez-vous bâti cet extraordinaire réseau de galeries et ses annexes ?
A sa vive surprise, ce fut le professeur Keifer qui lui répondit en posant sur son bras une main familière.
Je pense ne pas me tromper en te disant que si Cheik Yoran a établi ses quartiers à plusieurs dizaines de mètres sous terre, c’est parce qu’il détient un secret qu'il ne peut pas divulguer, tout au moins pour l’instant. Et. vu l’importance des moyens qu’il y a déployés, je serais prêt à jurer que ce “trésor” qu’il cache n'est pas celui que tu imagines.
Liam réfléchit quelques secondes, parce que cette réponse ouvrait des perspectives intéressantes. Il comprenait que la notion de “Trésor” s’appliquait ici à quelque chose d'inhabituel, de mystérieux; le professeur Keifer et Cheik Yoran avaient en outre une façon de se regarder qui le déroutait. C’était une sorte de complicité dont l’origine lui demeurait inexpliquée.
Le maître des lieux prit la parole pour mettre un terme à ses doutes. Un certain amusement brillait dans ses yeux.
Le professeur Keifer a raison, et sa déduction est pleine de sagesse. Si nous sommes enterrés justement ici et pas ailleurs, si la vie de ma chère Irbit a été menacée depuis le jour de sa naissance il y a dix-huit ans, si des groupuscules terroristes nous ont attaqués avec une telle violence et si d'autres se préparent à le faire avec une détermination accrue, tous ces malheurs découlent d’une seule et unique raison : nous détenons un secret, je dirais mieux, avec le concours et le sacrifice de mon fils et ses équipes de scientifiques nous avons fait une telle découverte que le mot “trésor” employé par le professeur Keifer la décrit à peine et aussi, la banalise.
Cheik Yoran se tourna vers Liam, qui écoutait attentivement ces propos, et poursuivit en s’adressant à lui en particulier :
Si vous vous donnez la peine d'analyser les éléments que vous connaissez du problème, vous devriez pouvoir formuler quelques hypothèses.
Liam acquiesça de la tête, curieux de savoir par quel chemin le vieil homme voulait le conduire. L’intensité du regard d'Irbit l’encouragea dans ce sens.
Pensez-vous qu’un homme de mon âge, qui bénéficie depuis des générations d’une solide situation financière et d'un rang élevé dans la hiérarchie saoudienne puisse tout compromettre, y compris sa vie ainsi que celle de sa famille, sans un motif
vraiment impérieux ?
Evidemment pas, confirma Liam.
Alors, si je ne suis pas motivé par la cupidité ou par la recherche d’une gloire éphémère, de quel genre doit être cette découverte que nous tenons tant à garder secrète ? Concentrez- vous sur les particularités de cette région du monde et sur les problèmes endémiques qui l'accablent comme une malédiction depuis l’aube de son histoire.
Liam essaya de faire la synthèse de ses connaissances, mais résumer instantanément quatre ou cinq mille années tenait de la gageure. Le berceau des trois grandes religions monothéistes avait connu un destin particulièrement marqué par les conflits engendrés au nom d’Amon-Ra, de Yhavé, de Jésus-Christ, ou les tueries que l'on a commises et que l'on commet au nom d'Allah.
L’ancien grenier à blé de l'Empire Romain, les pâturages et les forêts verdoyantes du Liban ou les plaines fertiles du nord du Maghreb, actuellement en friche et desséchées, ne lui faisaient pas oublier que l'imaginaire local foisonnait d’exemples similaires au mythe du pays de Canaan, “où le lait et le miel coulent à flots”.
Liam opta pour un compromis prudent.
Nous devons admettre d'abord que la pauvreté du sol et la rigueur climatique de cette partie du monde ont conditionné le comportement des populations qui la composent, dit Liam en cherchant, et trouvant, dans les yeux de Yoran un signe quelconque qui l’encouragerait à poursuivre.
Continuez, n’ayez pas peur. Nous avançons dans le bon sens, dit Yoran avec un assentiment de la tête.
Donc, vos travaux doivent avoir un rapport avec la création et la répartition équitable des richesses.
Le sourire qui éclaira le visage d'Irbit fut pour Liam la meilleure des récompenses.
Bravo, jeune homme ! Nous approchons du but. Sans précipitation et avec méthode, comme cela doit être fait. Passons à la question suivante, qui découle logiquement de la première : par quel sorte de miracle pourrait-on éradiquer à jamais la pauvreté de cette terre ?
Cette fois-ci, Liam n'eut aucun mal à trouver une réponse
appropriée. Depuis le professeur Keifer jusqu'au plus humble terrassier ayant participé aux fouilles, tous les membres de l’équipe avaient peiné des semaines durant sous un soleil implacable. Le décor était terriblement beau, mais apocalyptique.
Si j’avais le pouvoir de changer tant soit peu les choses, je commencerais par amener de l'eau, répondit Liam d'un ton assuré.
Cheik Yoran ne sembla pas satisfait par ses paroles.
Admettons, dit-il avec une moue hésitative, mais pensez toujours aux symboles... Cette eau dont vous parlez, elle représente quoi avant tout ?
La résurgence de la vie ! répliqua Liam avec conviction.
Comme il s’était rendu compte que le raisonnement de
Liam s’éloignait du chemin voulu, le professeur Keifer décida de voler de nouveau à son secours.
La question n'est pas là, Liam. Nous savons tous que l’eau conditionne et précède l’apparition de toute vie. Mais pour quelle raison ? Que contient-elle de si précieux ?
Le jeune archéologue s’imagina un torrent fougueux dévalant les pentes d'une montagne où la végétation rayonnait après une journée de forte pluie. L’eau du torrent s’ouvrait un passage en force, déplaçant de menus rochers et creusant un profond sillon dans la terre meuble. En grossissant, le débit transformait le torrent en rivière, puis en fleuve. Aucun obstacle ne résistait à l’impétuosité des Ilots. Déracinés, des arbres tombaient dans l'eau, éclaboussant les rives. La réponse à la question posée par Yoran apparut alors clairement dans l’esprit de Liam.
Avant tout, l’eau représente un formidable potentiel d’énergie.
Cette fois-ci, l’expression satisfaite de tous les visages, en particulier dans celui d’Irbit, lui fit comprendre qu’il avait vu juste. Cheik Yoran se mit debout et fit deux pas vers l’écran.
Exactement ! Nos générateurs expérimentaux se trouvent dans ce niveau, dit-il en montrant du doigt le deuxième étage du complexe, celui qui était dessiné en orange. Je peux vous dire maintenant, puisqu’Irbit vient d'atteindre ses dix-huit ans et qu'elle a délivré le Message, que la source d’énergie que nous avons réussi à mettre au point représente une merveilleuse espérance de paix, de fertilité et d’abondance. Et cette énergie nouvelle ressemble par bien des traits à la pierre philosophale !
Paradoxalement, les invités de Yoran accueillirent ces paroles sans aucune manifestation d’enthousiasme, parce que la réponse du Cheik ouvrait trop de nouvelles interrogations. La péninsule d'Arabie détenait déjà le plus vaste potentiel d’énergie au monde, sous forme de pétrole. Le professeur Keifer fut le premier à réagir.
Si je prends vos propos à la lettre, et en tenant compte des particularités de l’endroit où nous nous trouvons, c’est-à-dire dans une falaise qui s’enfonce à plus de quatre-vingt mètres sous la mer, vous avez réussi à obtenir de l’énergie à partir de la terre et de l’eau, c’est ça ?
Yoran confirma avec un hochement de tête.
A peu près. Le raccourci est acceptable.
Sainte Mère de Dieu ! s’exclama Liam, qui commençait à comprendre la portée de la découverte. Si vous avez mis au point une telle source d’énergie, les changements, je devrais dire plutôt les bou
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