Nid et pour parfaire nos expériences. Cela impliquait, bien entendu, la construction d'une flottille de véhicules aptes à mener à bien ces missions, et des locaux assez spacieux pour les entreposer.
Mike désigna l’ensemble des installations et s’avança vers
l'intérieur.
Plus difficile encore que les problèmes techniques, dit-il en marchant, et nous en avons rencontrés de toutes sortes, a été l’acclimatation des hommes à l’espace confiné dans lequel nous vivons. Une semaine ou deux sont vite passées, mais plusieurs mois d'affilée, même si nos tâches nous maintiennent continuellement occupés, provoquent des troubles du comportement. Certains s'irritaient pour un rien, d'autres devenaient apathiques. Malgré de nombreuses tentatives, nous n’avons pas trouvé de véritable solution à ce problème. Maintenant ça va mieux, surtout parce que nous savons que la fin est proche.
Que voulez-vous dire par là ? demanda Liam.
Vous le saurez toujours assez tôt, ne vous inquiétez pas ! répondit l'homme de Yoran en s’éloignant de là sans préciser davantage sa pensée.
Une trentaine de mètres plus loin, ils découvrirent que la surface réservée aux véhicules sous-marins était plus importante que les précédentes. Elle possédait un bassin qu'ils n'avaient pas vu au début parce qu'il avait été creusé dans un renfoncement situé à droite de l'entrée.
Le plan d'eau était à la mesure du gigantisme qui avait présidé l'installation du complexe. Liam estima d'un coup d'oeil qu'il devait mesurer entre deux ou trois cent mètres carrés.
Sous la lumière tamisée des allogènes, le bassin donnait l'impression d'être recouvert d'un tissu plastifié d’un vert émeraude soutenu. Bien entendu, cette impression était trompeuse, car la surface bougeait. Presque imperceptiblement, mais elle frémissait.
Après avoir contourné divers modules de service, le petit groupe s'approcha du bassin, qui avait la forme d'un haricot avec une extrémité aplatie servant de quai. Trois bâtiments étaient à l'amarre côte à côte, et un quatrième, fuselé comme un cigare, pendait au bout d’un treuil au dessus de l'eau. Des techniciens étaient en train de l'amener vers le quai.
Irbit et Liam firent quelques pas sur le tablier de l’embarcadère. L'Irlandais, s'arrêtant un instant, porta son regard à droite, puis à gauche, embrassant tout le panorama. Irbit était aussi
stupéfaite que lui. L'opacité de l'eau ne permettait pas de se faire une idée de la taille des bâtiments amarrés. Seule était visible une partie de leurs superstructures, le reste étant immergé.
Le jeune Irlandais, qui suivait avec un grand intérêt les recherches conduites par plusieurs équipes d'archéologues américains dans les fonds marins, identifia sans peine le type de bâtiment que Cheik Yoran s'était procuré. Ce genre de sous-marin était utilisé dans la recherche océanographique à grande profondeur. Il avait déjà lu diverses publications techniques qui décrivaient en détail les possibilités de ce type de navire, et la nouvelle génération d’archéologues avait pu se familiariser avec leur utilisation.
Les Français, précurseurs dans ce domaine, avaient construit plusieurs submersibles océanographiques pour le compte de la COMEX. Leur réussite avait incité les Etats Unis à mettre en chantier des engins similaires. Une nouvelle technologie était née. Elle ouvrait aux humains le plus vaste terrain de recherches qui soit, proche et encore mal connu : la mer dans ses grandes profondeurs.
Parmi les trois sous-marins amarrés au quai, l'un d'eux ressemblait au sous-marin français Saga /. oeuvre du génial Delauze. C'était un sous-marin nucléaire d'essai et d’exploration, utilisé déjà avec succès par l'industrie pétrolière. Si sa forme rappelait, mais en beaucoup plus petit, celle des submersibles à propulsion nucléaire en service dans les flottes des grandes puissances, ses performances à grande profondeur étaient une véritable révolution dans le monde du silence.
Les deux autres sous-marins de poche de Yoran étaient des parents proches du Nautile et de l'Alvin. Avec leur carène disgracieuse et beaucoup plus petits que le premier, ils avaient l'allure d'insectes maladroits. Leur corps trapu et peu hydrodynamique avait été conçu pour mettre en oeuvre un appareillage composé de bras et de vérins dotés de capteurs et de caméras vidéo d’une sensibilité supérieure à la perception humaine. Visiblement, les concepteurs avaient sacrifié la vitesse au profit des performances techniques.
Le quatrième sous-marin, celui qui était suspendu au bout d'un filin, était formé d'un long tube transparent en glassite renforcé par une structure annulaire. Des sièges pour une vingtaine de passagers étaient disposés sur deux rangées à l'intérieur de ce tube. Le poste de pilotage se trouvait à la proue, et les turbines de propulsion à la poupe.
Pour une raison ou pour une autre, Mike avait volontairement laissé à Liam le temps d’examiner les sous-marins et de se faire une opinion. Après une analyse rapide, le jeune archéologue conclut que. en tout état de cause. Cheik Yoran avait bénéficié de complicités au plus haut niveau, tant politiques que scientifiques. Plus déroulant encore, le secret avait été maintenu, ce qui impliquait nécessairement l'appui ou la complaisance d'une autorité supranationale. Et à la façon dont se comportait le transfuge de l'Ile de Beauté, Liam conclut que cet état de fait ne datait pas d'hier.
La grue déplaça le sous-marin fuselé au dessus d'une balise orange qui flottait dans le bassin, puis amorça doucement la descente. Son nom figurait en caractères rouges sur la superstructure. Il s’appelait VOpossum.
Le seabus plongea doucement dans l’eau et sa masse provoqua des vaguelettes qui secouèrent les trois autres sous- marins avant de venir lécher le quai. Un instant plus tard, son corps tubulaire disparut sous la surface émeraude, ne laissant à l’extérieur que deux écoutilles circulaires et une passerelle en métal qui les reliait.
- Notre pilote ne devrait pas tarder à arriver, dit Mike en se tournant vers la partie la plus large du hangar, en face du bassin. Tiens ! fit-’ 1 en élevant légèrement le ton. Il arrive enfin. J'ai le plaisir de vous présenter “Skinny O’Donnel. Il va nous conduire
pour un petit voyage que. j'en suis persuadé, vous n'êtes pas prêts d’oublier !
La personne qui venait dans leur direction était un garçon fluet âgé d une trentaine d'années. De petite taille, la combinaison vert olive qui lui collait à la peau accentuait son aspect malingre. Avec ses cneveux châtains coupés court et sa démarche un peu
: Décharné, naiare
raide, son allure avait quelque chose d'automatique.
“Skinny “ O’Donnel avançait vers eux les mains dans le dos, un sourire confiant aux lèvres. Pour lui, chaque sortie aux commandes d’un submersible était une aventure extraordinaire dont il escomptait tirer un maximum de plaisir.
11 avait servi comme second officier pilote pendant huit ans dans la marine U.S. à bord d’un sous-marin de la classe Typhoon. C'était avant la Pérestroïka. Les sous-mariniers qui avaient servi pendant la guerre froide ne se lassaient pas de raconter leurs aventures du temps où ils donnaient la chasse aux sous-marins ou aux navires de surface de la flotte soviétique. C'était pour eux le temps héroïque des cow-boys et des Indiens. Beaucoup parmi eux, d’ailleurs, regrettaient toujours cette époque.
“Skinny” O’Donnel avait fini par quitter la marine et s’était reconverti dans le privé. Là au moins, en pilotant un sous- marin de poche, seul maître à bord, aucune journée ne ressemblait à la précédente, quand il fallait changer le trépan d’une foreuse dans une mer démontée pour le compte d'une compagnie pétrolière, où quand il rec
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