é passionné par la mer. Mais pour quelle raison ton grand-père s’est-il donné la peine de fouiller dans mon passé ?
Simple routine. Il voulait tout savoir sur l’équipe qui dirigeait les fouilles. C’est un homme consciencieux.
L’explication, même si elle semblait justifier l’attitude de son grand-père, manquait de sincérité. Liam se doutait qu’Irbit devait avoir d’autres motivations.
Maintenant que nous connaissons le genre d’activité à laquelle se livre ton grand-père, je comprends qu’il ait préféré s’entourer d’un grand luxe de précautions avant de nous autoriser à franchir la porte du complexe. Cela n’explique toujours pas pourquoi tu as fouillé dans ses archives pour retrouver ma fiche...
Irbit soupira, consciente que Liam aurait préféré une autre réponse que celle qu’elle allait lui donner.
Je voulais simplement savoir si tu avais des connaissances en plongée sous-marine. Sans ça, tu n’aurais pas pu m’accompagner ce matin, dit-elle sans se démonter.
Liam la regarda d’un air amusé, mais se contenta de cette explication.
Qu’est-ce que tu as appris d’autre me concernant ? lança- t-il en bouclant la ceinture de sa combinaison.
Surtout des informations à propos de la vie de ta famille en Irlande, tes activités sur le campus de l’université, tes habitudes, et même ta marque préférée de slips ! dit-elle d’un ton espiègle. Ces détails n’ont pas d’importance. L’essentiel était de savoir si tu avais fréquenté des personnes ayant pu nuire de près ou de loin au projet de mon grand-père, ou ayant eu une activité suspecte. Je te rassure tout de suite, le professeur Keifer et toi n’avez rien à craindre à ce sujet. Vous êtes aussi clean que l’enfant qui vient de naître.
Même si tes raisons étaient tout à fait honorables, convint- il, conciliant, maintenant tu as un avantage sur moi. Tu connais presque tout à mon propos, mais je ne sais toujours quasiment rien à ton sujet. Le jeu est inégal !
Liam avait fini de revêtir sa combinaison.
Irbit prit le temps de fermer la glissière de son bustier avant de répondre.
Qu’est-ce que tu veux savoir au juste ?
J'aurais beaucoup de questions a te poser, dit-il. l'air songeur, mais j'espère que cela ne nous empêchera pas de poursuivre cette conversation à un autre moment. Quand et pourquoi ta mère a-t-elle disparu. Irbit ?
La jeune fille se raidit et ses yeux noirs clignotèrent d'un air malheureux. Par une sorte d'entente tacite, la disparition de sa mère avait toujours été un sujet interdit à la maison. Les vêtements, les photos, les films tournés au hasard des voyages, son père avait fait enlever toute trace de sa présence parmi eux. comme si elle n’avait jamais existé.
Je ne sais pas. Vraiment, je n'ai aucune idée, affirma Irbit en secouant vigoureusement la tête. J'ai parfois l'impression qu'elle vit quelque part. Dans ces cas-là, j'essaye simplement de ne pas me laisser gagner par la déprime.
Liam sentit qu'elle venait à nouveau de lui échapper. D'ailleurs, elle n'avait visiblement aucune envie de discuter de ce problème douloureux.
Maintenant dépêchons-nous, dit-elle en posant les mains sur les hanches dans une attitude de défi. Quelqu'un nous attend dans le parking depuis un bon moment. Il doit commencer à se poser des questions à notre sujet...
Après la porte de sécurité, le parking n'était séparé du vestiaire que par un escalier en spirale qu'ils descendirent d'un bon pas. Un homme les attendait effectivement au bas des marches.
- Vous pouvez m’appeler Mike ! dit un personnage bien en chair d'un ton anodin. Mike avait une méfiance innée pour quiconque n’atteignait pas la moitié de son poids.
Son nom d'emprunt ne lui convenait pas. Avec la couleur pain d'épice de son teint, ses épais sourcils et surtout avec son accent corse à couper au couteau, il avait un air aussi anglo-saxon que le chant des cigales.
Il était revêtu d'une combinaison similaire à la leur, quoique la sienne était d’une couleur un peu plus sombre. Le tissu dessinait sa puissante carrure, soulignant en particulier la rondeur de ses fesses, excessivement proéminentes.
Ne vous étonnez pas de l’apparente légèreté de votre combinaison, dit Mike en passant sur la sienne une main aussi large qu'une planche à découper la viande. Le matériau dans lesquelles elles sont tissées est étanche et isotherme. Elles collent au corps, empêchent les infiltrations de toute nature, et maintiennent la température de l’épiderme à un niveau constant. Le temps du néoprène est complètement révolu ! ajouta-t-il avec son accent inimitable.
Il les précédait toujours quand ils arrivèrent au sas de sécurité.
De toutes manières, nous n'aurons pas l’occasion de tester leurs performances, au moins je l'espère ! Nous portons ces combinaisons au cas où, poursuivit leur guide en se tournant vers eux, sans expliquer ce qu'il entendait par “un cas où”.
Mike posa sa main sur le lecteur d'empreintes digitales situé à droite de la porte étanche. Celle-ci s’effaça, et il passa en premier d’une démarche alerte.
La surprise de Liam quand il pénétra dans les lieux rappela à Irbit l'expression qu'elle avait vu dans le visage du professeur Keifer quand il était rentré pour la première fois dans la salle de conférences. C'était un mélange d’étonnement et d’admiration.
Le hangar était à la démesure du reste du complexe. C’était un lieu de plusieurs centaines de mètres carrés divisé en trois zones, chacune réservée à une catégorie de véhicules, terrestres, marins ou sous-marins.
Sa curiosité aiguisée, Liam s’approcha d’un véhicule en forme de tube doté de quatre roues escamotables. La carène était faite dans un matériau composite ressemblant à de la céramique. Une bulle amovible en glassite permettait l’accès à l’engin.
Le transfuge de Calvi toisa Liam, qui le regardait d'un oeil étonné avec une sorte de satisfaction bienveillante, puis se souvint tout à coup qu'ils avaient un horaire et un programme à respecter.
Dépêchons-nous, dit-il, plus corse que jamais. Nous sommes déjà en retard.
Le petit groupe traversa le premier hangar, où étaient garés les véhicules terrestres. Sur le côté droit, des boxes étaient affectés aux réparations et au stockage des pièces détachées. L'un d’eux, abritant les appareils électriques de réglage et de contrôle, était fermé du haut en bas par une baie vitrée. Partout ici. le XXI siècle était largement entamé.
Le parking des véhicules marins n’était séparé du précédent que par un vaste arc voûtant. Liam considéra la largeur du hangar et la hauteur des murs, mais il n'eut pas le loisir de s’attarder. Mike avait pressé le pas et marchait à présent dix mètres devant eux.
Le Corse s'arrêta à l’entrée du hangar des véhicules sous- marins et attendit qu’Irbit et Liam soient arrivés à sa hauteur. Il leur montra alors la cavité creusée dans la roche d'un large geste de la main, tel un propriétaire accompagnant ses hôtes pour une visite guidée.
Voici la dernière réalisation sortie du cerveau privilégié de votre grand-père, dit-il en pénétrant sous la voûte d'un pas quelque peu cérémonieux. Nous avons eu beaucoup de mal à venir à bout des infiltrations.
Mike s’appuya contre l’une des poutrelles d’acier qui formaient l'ossature de la cavité. La roche était un peu plus friable ici, et la différence de pression entre l’intérieur et l’extérieur affaiblissait encore sa résistance. Il avait donc fallu étayer les parois et la voûte avec des solives pour renfoncer la structure. 11 poursuivit :
Le problème auquel nous étions confrontés était simple : nous devions nous assurer la maîtrise du fond de la mer afin d'en exploiter convenablement ses richesses pour nourrir la population du
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