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rsuivit sans tarder, et une vingtaine de marches apparurent progressivement sous le regard éberlué des nombreux travailleurs qui s’étaient agglutinés dans la cour du palais. Les marches s’enfonçaient profondément selon un angle assez prononcé.
Vers la fin de l’après-midi, les ouvriers débarrassèrent de ses décombres un couloir de deux mètres cinquante de haut sur deux mètres de large. Dans la couche inférieure des débris qui remplissaient l’escalier, ils trouvèrent de nombreux tessons de céramique décorés de plantes et d'animaux stylisés. La voix royale qui devait conduire le professeur Keifer à la postérité venait probablement d’être entamée.
Le travail avança alors un peu plus aisément. Le lendemain, la pelle de l'un des terrassiers buta contre un obstacle uniforme que six paires de mains anxieuses commencèrent à nettoyer aussitôt avec des petites truelles, des grattoirs et des brosses. Au bout de deux heures de travail minutieux, le professeur Keifer, qui s’était porté à la tête de l’équipe, comprit qu’ils se trouvaient devant la partie supérieure d'une porte scellée, construite avec des pierres plâtrées.
D’une main fébrile couverte de poussière, Keifer chercha un indice lui permettant de découvrir qui était à l'origine de cet ouvrage. Après un moment qui dura une éternité, ses doigts détaillèrent les contours d'une série d'entailles creusées dans le roc
à l’angle droit de la porte. Il débarrassa la poussière incrustée avec son pinceau et contempla, émerveillé, une série de sceaux gravés d'un cartouche qui ne lui était pas familier. Son pouls s’accéléra quand il constata que ces sceaux n’avaient jamais été violés.
Liam arrima une lampe et photographia le cartouche ainsi que la porte sous tous les angles. Le graphisme avait l’apparence de l’écriture hyksos, mais comme ses nombreuses déceptions avaient rendu Keifer méfiant, il décida de vérifier plus tard dans son laboratoire. Si son hypothèse se confirmait, le rêve de toute une vie serait alors à portée de sa main.
Sous le linteau, Keifer délogea une pierre de taille moyenne et pratiqua un petit trou juste assez grand pour y introduire une sonde. Quand ce fut fait, il découvrit que le couloir qui s’étendait au-delà était rempli de gravats du sol au plafond. Les bâtisseurs du complexe souterrain avaient pris les précautions d’usage à l’époque pour protéger l’entrée.
Keifer était si exalté par sa découverte qu’il fut obligé de s’adosser contre la paroi, les mains posées le long de ses cuisses. Du sang perlait de plusieurs estafilades qu’il s’était faites aux doigts, mais il demeura prostré dans cette position, insensible à la douleur, à la chaleur étouffante et aux relents de sueur des corps qui s’activaient dans l’étroit réduit. Son esprit se concentra alors sur la seule considération digne d'intérêt à ses yeux : derrière cette porte, le couloir encombré de pierraille et de terre amoncelées depuis des millénaires, pouvait le mener à la plus extraordinaire des découvertes !
La nuit était tombée depuis longtemps quand la dernière équipe finit de relever l’empreinte des sceaux et de nettoyer définitivement le passage en enlevant une à une les pierres plâtrées qui bloquaient l’ouverture.
Le 7 octobre, les travaux reprirent dès l’aurore. Après avoir enlevé les gravats qui bouchaient le passage sur une longueur d’environ six mètres, et après l’étayage indispensable du plafond, les terrassiers débouchèrent sur une vaste pièce de la même hauteur que le couloir. Elle formait un rectangle de six mètres sur quatre. Deux galeries partaient du mur ouest et s’enfonçaient dans les ténèbres. Sur les murs de la pièce, les hiéroglyphes et les dessins stylisés de facture hyksos n’admettaient plus l'ombre d’un doute quant aux auteurs de ces excavations.
Des ouvriers démontèrent avec prudence un petit muret en briques brunes situé dans le mur sud de la pièce, à un mètre vingt de hauteur approximativement. Ils dégagèrent aussi une petite niche creusée dans la paroi. A la lumière de la lampe, les yeux ahuris de Liam se posèrent sur un amoncellement d’objets hétéroclites, allant depuis un jeu complet de vases en albâtre jusqu’à des écuelles décorées recouvertes d’un linge, que le passage des ans avait réduit en fine poussière.
Le travail de déblaiement se poursuivit le lendemain et le surlendemain. En raison du volume de gravats qui encombrait le couloir et de la longueur de celui-ci, Keifer décida de faire poser une ligne de wagonnets sur rails. Un treuil électrique placé à l’entrée de la galerie tracterait à l’aide d’un câble d’acier les wagons chargés. Ils devaient faire preuve de vigilance, car des fragments de toute sorte se trouvaient mêlés aux gravats. A la fin de la journée, et d’après le plan obtenu avec le sismographe, ils avaient suivi le parcours sinueux de la galerie principale sur une douzaine de mètres à peine. Elle débouchait sur une deuxième porte scellée, identique à la précédente. Et là encore, les sceaux en pierre n'avaient jamais été violés !
Le lendemain, les heures se succédèrent avec une lenteur désespérante. Les terrassiers s’affairaient autour de Keifer sans prononcer un mot. les muscles tétanisés par l’effort, les chemises collées aux corps par la transpiration et les visages recouverts d’une fine couche ocre de poussière et de sueur mêlées. Vers quatre heures de l’après-midi, la blancheur nacrée de la pierre réfléchit enfin sur les traits tirés de fatigue le rayonnement des nombreuses lampes.
Là encore, un ouvrier pratiqua une ouverture dans l’angle supérieur gauche, à côté du linteau, mais sa main n’était plus aussi vigoureuse. Par mesure de précaution, Keifer alluma une bougie qu’il plaça sur le bord de l'ouverture afin de s'assurer que l'air rejeté par l’orifice ne contenait pas d'émanations dangereuses. La flamme vacilla un moment, puis finit par se relever. Le couloir retrouva un instant la même ambiance faite de zones d'ombre et de surfaces éclairées qu’avaient connue les ouvriers d’Ahmosé trois mille années plus tôt pendant qu'ils creusaient sous terre.
Keifer élargit l’ouverture, fit glisser de l’autre côté une lampe attachée à une corde et rapprocha sa tête du trou. Liam et toute l'équipe se pressaient derrière lui, attendant avec une nervosité mal dissimulée les premiers mots du professeur relatifs à l’importance de la découverte.
L’Irlandais, en raison sans doute de l’enthousiasme propre à son âge, s'approcha de Keifer et lui tira légèrement l’épaule. Le professeur sentit le souffle de son assistant lui effleurer le cou.
Alors, professeur, est-ce vraiment... ?
Keifer se tourna vers lui, les yeux brillants d'émotion, et lui dit d’une voix qu’il avait du mal à maîtriser :
Oui, mon garçon, nous avons effectivement trouvé quelque chose. Derrière cette porte, si Dieu le veut, nous aurons à portée de main le premier trésor de Mastabah l’ancienne : son passé !
* * *
Un couloir d'une centaine de mètres, éclairé maintenant par une série d’ampoules, s’enfonçait en pente douce en direction de l'ouest. A mesure que l’équipe de chercheurs gagnait du terrain, elle trouvait sur son chemin des objets abandonnés sur place par les ouvriers d’Ahmosé. C’était tantôt des lampes en terre cuite au bec noirci par la combustion de l'huile, des récipients ayant contenu du mortier, des pierres taillées, ou tantôt un amoncellement de briques. Ils s’arrêtaient à chaque fois, photographiaient les vestiges, réalisaient les premières expertises et procédaient à leur enlèvement avant de poursuivre.
Le couloir aboutit à un étroit passage à la déclivité prononcée. Comme il était rempli de gravats, il leur f
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